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16 février 2013 6 16 /02 /février /2013 21:26

 

Vous connaissez peut être mon intérêt pour les ronces. On n'imagine pas à quel point le genre Rubus est riche et diversifié. Et toutes les ronces ne sont pas d'épais fourrés impénétrables et épineux. On y trouve des arbustes, arbustes grimpants, plantes rampantes couvre-sol, etc… et parmi celles-ci des espèces à feuillages très décoratifs caducs ou persistants, à belles floraisons, à fruits succulents ou encore d’autres non épineuses.

L'espèce que je vous présente ici est une petite splendeur originaire de l'Himalaya. C'est un arbuste dont les tiges arquées et sans épines peuvent atteindre 3 m de long. Elles portent de très belles feuilles pouvant dépasser les 20 cm de long, dentées et fortement nervurées, argentées au revers. Elles sont simples alors que celles des autres espèces proches dans le même groupe sont composées. Ses fleurs sont d'une couleur inhabituelle pour le genre puisqu'elles sont rouges. Elles sont suivies de fruits orange ou rouges.

Cette espèce fait partie du sous-genre Idaeobatus et de la section Lineatae qui comprend, entre autres, de belles espèces comme R.lineatus et R.splendidissimus.

Dans la nature, on la trouve au Bhoutan, sud-est du Tibet et nord-est de l'Inde dans les Etats de l'Arunachal Pradesh, Nagaland et Manipur où elle pousse dans les forêts humides, dans les fourrés et les prairies, entre 2100 et 3300 m d'altitude.

L'espèce a été décrite par C.B. Clarke (qui a énormément travaillé sur la flore de l'Inde) en 1889 à partir de spécimens collectés à Naga Hills (dans l'Etat du Nagaland) près de Jakpho en octobre 1885. La plante fût à nouveau collectée en 1924 par Kingdon-Ward dans les gorges du Tsangpo à 2900m puis en 1928 dans la vallée de Delei dans l'Assam. Watt en collecta également dans l'Etat de Manipur dont des spécimens avec des feuilles particulièrement grandes. Grierson et Long collectèrent des spécimens dans le centre du Bhoutan dans les districts de Mongar et Tashigang entre 2200 et 2900m.

Hormis pour la taille de ses feuilles, c'est une espèce très peu variable.

Cette beauté n'est malheureusement pas très rustique et ne supporte pas les vents froids. Son feuillage prendra toute son ampleur dans un lieu abrité. Elle supporte des températures jusqu'à -10°C environ et préfère un sol humifère et frais, mais sa culture est facile. z8

Nous la cultivons en serre froide non chauffée chez nous où elle se maintient très bien en pot sans pouvoir atteindre ses dimensions maximales.

Rubus-calophyllus-1.jpg

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1 février 2013 5 01 /02 /février /2013 16:46

 

La famille du lierre, les Araliacées, contient un grand nombre de genres dont certaines espèces -pourtant très rustiques- ont des airs de tropicales avec leurs feuillages exubérants. C'est le cas d'un arbre étrange, la Kalopanax septemlobus, plus connu sous le nom de Kalopanax pictus. Encore rare dans nos jardins, on le trouvera plus souvent sous la forme d'un grand arbuste, les vieux sujets pouvant être admirés dans quelques vieux arboretums. C'est une plante étrange, aux grandes feuilles variablement lobées, de 15/30 cm environ. Ses grandes inflorescences peuvent atteindre 60 cm de long avec de nombreuses ombelles de fleurs blanc-verdâtre, mellifères, en fin d'été. Elles sont suivies de baies noires. Ses tiges sont également particulières puisque hérissées de nombreuses épines. En vieillissant, l'écorce gris-marron se fissure profondément. Son bois est utilisé en Asie pour la fabrication de meubles. Si l'arbre peut atteindre 30 m de haut dans la nature, il faudra se « contenter » d'une dizaine de mètres dans son jardin sur des sujets de plusieurs années même si sa croissance est relativement rapide quand il est jeune.

Le botaniste Kaempfer découvrit deux plantes au Japon qui furent identifiées et décrites par Thunberg comme deux érables. Il décrit alors Acer palmatum (l'érable du Japon) et Acer pictum. Mais il y a eu confusion dans les échantillons. Il le rebaptisera rapidement Acer septemlobum. En 1925, Koidzumi le tranfère dans le genre Kalopanax, sous le nom actuel. En 1927, Nakai le nomme Kalopanax pictus mais ce nom n'est pas valide. A noter, que Acer pictum est une espèce d'érable qui existe bel et bien.

Cet arbre a été introduit à nombreuses reprises en Europe. En 1865, Maximowicz envoya des graines, puis Wilson en 1911 avec des graines collectées dans l'ouest de la province de l'Hubei. Ces graines donnèrent des plants dont un sujet fût donné aux jardins botaniques de Kew par les fameuses pépinières Veitch. Il s'agit d'une forme aux feuilles peu lobées que le botaniste coréen Nakai nomma, en 1921, Kalopanax ricinifolius var.chinensis (aujourd'hui synonyme du type). En 1874, Van Houtte, avait nommé une plante Aralia maximowiczii qui fût renommée Kalopanax septemlobus var.maximowiczii (aujourd'hui K.septemlobus f.maximowiczii) et dons les feuilles sont profondément lobées. Une très belle variété pour le jardin.

Le genre ne compte toujours aujourd'hui qu'une seule espèce (E.Russie, Chine, Corée et Japon), avec une sous-espèce (subsp.lutchuensis, du sud du Japon) et une forme (f.maximowiczii, que l'on trouve au nord et au centre du Japon, en Corée et dans le nord de la Chine).

Nous avons eu plusieurs fois l'occasion de trouver cette espèce lors de nos voyages. Dans la province du Sichuan en Chine, sur l'île de Jeju en Corée du sud et dans les montagnes Seorak (toujours en Corée) avec un superbe vieux sujet. Nous avons trouvé la forme maximowiczii au Japon sur les îles de Honshu et Shikoku.

Parfaitement rustique même dans nos régions les plus froides, on le cultivera dans toute bonne terre de jardin bien drainée. Une exposition au soleil ou à mi-ombre avec une préférence pour le soleil dans les régions les plus froides pour un bon aoûtement des pousses de l'année.

Kalopanax-pictus-5.jpg

Plus de photos sur mes pages :

http://www.asianflora.com/Araliaceae/Kalopanax-septemlobus.htm

 

http://www.asianflora.com/Araliaceae/Kalopanax-septemlobus-maximo.htm

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19 novembre 2012 1 19 /11 /novembre /2012 13:10

 

L'Edgeworthia est un arbuste peu répandu dans nos jardins de la famille des Thyméléacées (celle du Daphne ou bois-joli). Il se caractérise par une abondante floraison jaune, en bouquets denses et parfumés au bout des rameaux, en hiver. Il n'existe que 4 espèces au sein du genre dont une seule peut se trouver dans nos jardins, l'Edgeworthia chrysantha, également appelé Edgeworthia papyrifera.

Edgeworthia gardneri, la seconde espèce cultivée, ne se trouve que dans quelques rares jardins botaniques et nous avions pu observer cette espèce dans son milieu naturel lors d'une expédition au Sikkim.

Edgeworthia chrysantha a été décrit par Lindleyet est originaire de Chine (synonyme = E. papyrifera Sieb. & Zucc.). C'est un arbuste de 1/1.5 m de haut environ résistant à -18°C à feuilles caduques, ovales, de 12 cm de long, soyeuses dessous, goupées au sommet des rameaux. Les fleurs s'ouvrent en deuxième partie d'hiver, sans corolle, avec un calice formant un tube divisé en 4 lobes, jaunes à l'intérieur, couverts de poils blancs et soyeux à l'intérieur, avec 8 étamines à deux niveaux différents dans le tube. Les fleurs sont odorantes, en denses têtes terminales de 30/50, devenant progressivement blanc-crème.

Les fibres très résistantes se trouvant sous l’écorce sont utilisées au Japon pour la fabrication d'un papier-monnaie, d’un papier de soie de qualité et de tissus fins. (d'où le nom donné 'papyrifera')

La plante a été découverte au Japon par Siebold. La description originale de E.chrysanthapar Lindley est basée sur un plant cultivé dans les jardins de la R.H.S. à Chiswick. Cette plante avait été collectée dans l'archipel de Chusan (Zhoushan) dans le nord de la Chine par R.Fortune en 1845.

Il existe une grande confusion à propos de cette espèce car la plante a été décrite en 1846 par deux auteurs : Lindley lui donna le nom de E. chrysantha, Siebold & Zuccarini le nom de E. papyrifera. La règle d’antériorité retient le nom de E. papyrifera.

Cependant, le " United States Department of Agriculture Agricultural Research Service, Beltsville Area" considère que c'est le nom chrysantha qui doit être prioritaire. En culture, la plante est souvent notée sous ce nom.

La nomenclature de GRIN et la nouvelle flore de Chine retiennent le nom de E.chrysantha comme étant celui devant être utilisé.

Il existe une autre espèce originaire d'Himalaya : Edgeworthia gardneri qui, contrairement à l'autre espèce, à ses feuilles persistantes. Cette plante a sans doute une rusticité très limitée et les plantes portant ce nom dans des collections extérieures sous nos climats sont mal identifiées et correspondent à E.papyrifera.

Actuellement, 4 espèces semblent reconnues. Les 2 ci-dessus ainsi que E.albiflora & E. eriosolenoides, toutes deux endémiques de Chine.

Cet arbuste de 1 à 1.5 m de haut seulement, trouvera facilement sa place dans un petit massif ou dans une rocaille du moment que l'emplacement est ensoleillé ou légèrement ombragé et le sol bien drainant. Sa floraison hivernale illumine les jardins endormis.

Edgeworthia-papyrifera-1.jpg

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4 septembre 2012 2 04 /09 /septembre /2012 20:22

 

La famille des Labiées comprend de nombreux genres dont beaucoup de plantes vivaces ayant un intérêt ornemental ou culinaire. Si le sauges, thyms, romarins et autres stachys font partie de la palette courante de nos jardins, certains genres sont encore aujourd'hui bien moins connus. C'est le cas des Chelonopsis. Si l'on trouve une ou deux espèces dans les pépinières de collection en Europe, nous avons vraiment pu découvrir ce genre lors de nos voyages au Japon où plusieurs espèces sont courantes dans les jardins et dans les pépinières.

Le genre a été décrit par le botaniste Miquel en 1865. Toutes les espèces sont originaires de l'Asie tempérée. Ce n'est pas un grand genre puisqu'il compte à ce jour 16 espèces (d'après la World Checklist de Kew). Avec seulement 2 ou 3 espèces en culture dans nos jardins et pépinières, nous en avons encore de nombreuses à découvrir !

Plusieurs espèces ne sont pas à proprement parler des plantes herbacées. En effet, la majorité ont les tiges qui se lignifient à la base et pourraient donc être plus qualifiées d'arbrisseaux. La répartition géographique du genre se situe en Chine (13 espèces) et au Japon (3 espèces).

Chelonopsis moschata a été nommée en 1865 par Miquel lorsqu'il a décrit le genre. La plante était alors citée comme originaire du Japon et d'une région de Chine. Elle est en réalité endémique du Japon sur les îles de Honshu, Hokkaido, Shikoku et Kyushu où elle pousse dans les forêts de montagnes entre 400 et 1600 m d'altitude. Elle forme une belle touffe dense aux tiges retombantes. Elle peut atteindre 50/60 cm de haut environ, voire plus. Ses grandes fleurs sont rose foncé et apparaissent en fin d'été.

C.yagiharana a été décrite plus tard, en 1918, par Hisauti & Matsuno. Elle est également endémique du Japon, uniquement dans le centre de l'île de Honshu, dans les Préfectures de Kanagawa et Shizuoka, où elle pousse sur les rochers modérément humides en montagne, entre 800 et 1200 m d'altitude. Elle ne mesure que 20/40 cm de haut et ses fleurs sont également rose foncé.

Au 19° siècle, Hemsley note que C.moschata est une plante est très variable dans la forme des feuilles ainsi que dans la manière dont le bord du limbe est denté. C'est sans doute pour cela que la nomenclature du genre au Japon n'est pas toujours simple, encore aujourd'hui. On trouve d'ailleurs souvent C.moschata et C.yagiharana mises en synonymie. C'est une erreur car ce sont certes deux espèces proches, mais bien distinctes. On retrouve d'ailleurs souvent des plantes mal nommées dans les pépinières et il règne une grande confusion entre C.yagiharana et C.moschata. Il y a deux moyens simples pour les distinguer : C.yagiharana a des fleurs solitaires et sur le haut des tiges uniquement alors qu'elles sont groupées par 1 à 3 et apparaissant dès le milieu des tiges chez C.moschata. De plus, C.yagiharana est une petite plante de 20/30 cm de haut alors que C.moschata atteint 50 cm ou plus de haut (parfois jusqu'à presque 1m).

Les Chelonopsis sont des plantes intéressantes au jardin pour plusieurs raisons. Elles se cultivent très facilement et ne sont pas fragiles. Leur croissance est rapide et elles ne craignent pas le froid. Leur floraison est attractive et intervient à un moment (fin d'été) où le jardin n'est pas le plus fleurit. Nous en cultivons au moins 3 espèces dans notre jardin (C.moschata, C.longipes et C.yagiharana, et une autre plante encore non déterminée trouvée dans une pépinière au Japon) et elles ont très bien passé l'hiver dernier et ses -18°C.

Elles apprécient les situations ombragées dans des sols fertiles pas trop secs.(en photo : C.yagiharana)

Chelonopsis-moschata.jpg

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26 juillet 2012 4 26 /07 /juillet /2012 17:47

 

Un pommier subtropical dans nos jardins.

Malus doumeri est un arbre originaire du Vietnam, du Laos, de Taiwan et sud de la Chine où il pousse dans les forêts denses entre 1500 et 2000 m d'altitude. Dans son aire d'origine, il fleurit entre décembre et février puis fructifie de septembre à novembre.

Dans son habitat, il atteint 10 à 30 m de haut. Ses jeunes rameaux sont gris-pubescents. Ses feuilles sont très variables allant de ovales à elliptiques ou oblongues-lancéolées. Elles mesurent 8/15 cm de long et 3/6 cm de large. Elles sont irrégulièrement dentées, surtout quand elles sont jeunes, et parfois plus ou moins lobées. Ses inflorescences comptent de 3 à 6 fleurs blanches, parfois teintées de jaune, de 2,5/3 cm de diamètre. Les pommes sont globuleuses, de 4 à 5 cm de diamètre, rouge-jaunâtre à maturité avec 1 à 2 graines par loge.

Le fruit est comestible mais très âpre. Il est consommé par les populations des montagnes. Son goût rappelle celui de la pomme sauvage d'après Auguste d'André (Bois, 1904). La plante est utilisée dans les régions subtropicales pour greffer des pommiers. D'ailleurs, en 1904, Désiré Bois note que cet arbre pourra certainement être utilisé avec grand avantage comme porte-greffe pour la culture des variétés d'Europe que l'on voudra introduire dans l'Annam (région correspondant aujourd'hui au centre du Vietnam). Convaincu de l'intérêt que cet arbre pouvait présenter à ce point de vue, Auguste d'André en a fait, à l'époque, récolter de nombreuses graines et plusieurs milliers de plants dans le but de le propager dans les régions où il pourrait être utile.

La classification de ce pommier a souvent posé problème et il en existe de nombreux synonymes. En effet, beaucoup de critères le rattache au genre Docynia. Mais dans ce dernier genre, on trouve 3 à 10 ovules par loges et seulement 2 pour le genre Malus.

Compte tenu de ses origines, on pourrait tout de suite penser que ce bel arbre n'est pas fait pour nos jardins. Il est évident qu'un clone collecté au Laos, au Vietnam ou même à Taiwan à basse altitude ne devrait pas tenir longtemps sous nos climats. Mais la flore de Taiwan l'indique comme poussant jusqu'à 2000 m d'altitude. Et comme à partir de 1800 m environ, on trouve des plantes tenant très bien chez nous en hiver, on pouvait penser que des plants de haute altitude pourrait être plantés dans nos jardins. En 2006, nous introduisons un lot de graines collectées dans la région de Nanfeng à 2055 m. Les quelques plants obtenus sont plantés à différents lieux : un plant au jardin botanique de Lyon, 2 plants au col de Saverne dans les Vosges, un plant dans un jardin privé à Colmar et 3 plants dans notre jardin en Bourgogne. Les premiers hivers suivant la plantation sont doux et les jeunes plants subissent des températures minimales de -8°C. Ils n'en souffrent nullement ce qui est prometteur. Les plants au col de Saverne subissent des températures plus froides, sans aucun dégâts. Le véritable test pour ce pommier d'exception a eu lieu en février de cette année. Avec 3 semaines en plein vent du nord oscillant régulièrement entre -16 et -18°C dans un sol gelé sur 50cm de profondeur. Nos 3 plants mesurent entre 3 et 4 m de haut, voire un peu plus, et ils ont passé l'épreuve sans aucune difficulté (les plants n'étaient pas protégés). Voilà donc une espèce encore méconnue, ornementale et utilitaire, pour enrichir nos plantations. Autre caractéristique de cet arbre, son feuillage se montre quasiment persistant. En effet, celles-ci tombent très tardivement (fin décembre ou plus tard) et restent sur l'arbre presque tout l'hiver si le temps est clément. Ceci ne les empêche cependant pas de prendre de superbes teintes en automne.

On le plantera au soleil ou à mi-ombre, dans toute bonne terre de jardin et il ne semble pas craindre le calcaire.

Cet arbre est dédié à Paul Doumer (1857-1932), créateur de la station agricole du Lang Bian (massif de la chaîne annamitique voisine de la frontière de la Cochinchine). Désiré Bois a décrit cet arbre (sous le nom de Pirus doumeri) à partir d'échantillons fournis par Guillaume Caous (1857-1931), directeur de l'agriculture, des forêts et du commerce de l'Indochine, qui les avait reçu d'Auguste André. Ils avaient été récoltés sur un arbre découvert au pic du Lang Bian, à 2000 m d'altitude, sur la lisière d'une forêt. Désiré Bois a décrit cet arbre dans le genre Pirus (Pyrus, le poirier) en se basant sur le fruit qui, malgré sa ressemblance à une pomme, présentait de nombreuses cellules pierreuses dans le mésocarpe (la «pulpe») constituant un caractère des poires.

Devant les caractères ornementaux indéniables de ce pommier, nous avons multiplié cette espèce que nous proposons maintenant dans notre pépinière.

Malus-doumeri-1.jpg

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4 février 2012 6 04 /02 /février /2012 12:33

 

Le genre Alangium ne vous dit peut être pas grand chose. Et pour cause ! C'est un petit genre comprenant des arbres de taille modeste classé dans la famille des Alangiacées ou Cornacées (famille des cornouillers). Et ne cherchez pas une ressemblance avec un cornouiller....

Si vous ne connaissez pas ce genre, c'est parce qu'il reste rare dans nos jardins et qu'il faut se rendre dans des collections botaniques pour en observer. Pourtant, ces petits arbres ne manquent pas d'atouts et nos visiteurs sont toujours ébahis devant le feuillage exubérant de nos plants.

Les Alangium sont intéressants pour la diversité de la forme de leurs feuilles qui sont souvent de taille impressionnante, leur croissance très rapide et leurs petites fleurs blanches pendantes et parfumées en été.

Alangium platanifoliumestune espèce qui apparaît assez régulièrement dans des inventaires de jardins botaniques mais qui n'est pas toujours bien identifiée. Elle est souvent confondue avec Alangium chinense. De plus, il existe plusieurs variétés de Alangium platanifoliumqui ont des feuillages très différents.

Jusqu’à notre premier voyage au Japon, je me demandais bien pourquoi on avait nommé cette plante A.platanifolium, à savoir littéralement : à feuilles de platane. En effet, tous les arbres observés en culture présentaient des feuilles à formes diverses mais ne ressemblant pas à du platane !

Il y a d’abord, comme je viens de le dire, une grande confusion en culture avec A.chinense (et A.kurziimais plus rare en culture). Ce dernier est bien souvent mal étiqueté A.platanifolium. Et puis, au sein de A.platanifolium, il y a une grande variabilité de feuillage et la variété trilobum, présente en Chine, au Japon et en Corée présente des feuilles bien moins découpées que chez le type. Généralement, on trouve dans les jardins A.chinense ou A.platanifolium var.trilobum. Enfin, A.platanifolium type est sans doute la plante la plus petite car elle reste sous forme d’arbuste de 2 à 3 m. La var.trilobum est indiquée comme étant un grand arbuste ou un petit arbre mais nous avions pu observer dans le Sichuan en Chine des arbres bien plus grands que ça. A.chinense est quand à lui indiqué comme étant un petit arbre de 3/5m de haut mais, là aussi, nous avons pu souvent observer des plants bien plus grands.

Les plants que nous avons vus dans les forêts de Shikoku au Japon étaient tous des arbustes à feuilles profondément lobées et n’avaient, effectivement, rien à voir avec ce qu’on avait pu voir jusqu’alors en culture.

C’est un arbuste très élégant aux branches étalées. La var.trilobumest commune au Japon, en Corée et en Chine alors que la variété type ne se trouve qu’à l’ouest de Honshu, à Shikoku et Kyushu au Japon où elle est notée rare ainsi qu’en Corée. On peut aussi le trouver, dans la littérature, sous le nom de Marlea platanifolia.

C'est un arbuste de 2/3 m de haut avec des feuilles orbiculaires, de 7/20 cm de long et large, avec 3/5(7) lobes profonds, à base cordée. Les inflorescences sont axillaires, corymbiformes, lâches, avec peu de fleurs. Elles sont composées de pétales blancs, fortement recourbés, linéaires, de 3/3.5 cm de long et environ 2.5 mm de large. Les fruits sont ellipsoïdes, de 7/8 mm de long, bleus, glabres, contenant généralement une graine.

Les feuilles de la var.trilobum ont 3/5(7) lobes deltoïdes et peu profonds. Il est à noté que nous avions trouvé dans le Sichuan il y a quelques années une forme à fleurs roses.

Comment différentier les deux variétés :

feuilles peu profondément lobées, lobes deltoïdes..........var.trilobum

feuilles profondément lobées, lobes ovales à étroitement ovales..........var.platanifolium

Les Alangium se plantent au soleil ou en situation ombragée, voire même en sous-bois. Ils ne sont pas exigeants sur le sol mais il devrait tout de même être assez fertile et pas trop sec. Ils passent nos hivers bourguignons sans problème et ont une croissance très rapide (des plants de 30 cm au printemps dernier atteignant près de 2m en fin de saison!). Ce sont des plantes à mettre en évidence afin de profiter de leur feuillage original et exubérant.

Première photo : Alangium platanifolium. Deuxième photo, la variété trilobum, en fleurs.

Alangium-platanifolium-25154-Omogo.jpg

 

Alangium-platanifolium-var.jpg

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20 décembre 2011 2 20 /12 /décembre /2011 20:10

Les roses de Noël ou hellébores (genre Helleborus, famille des Renonculacées) sont bien connues de nos jardins. C’est un petit genre qui comprend une quinzaine espèces. L’hellébore fétide ou Helleborus foetidus est commune dans nos sous-bois. L’espèce que je vous présente ici est sans doute une des moins connues et encore peu répandue en culture malgré sa grande beauté. Cette espèce marque la limite orientale de la répartition du genre que l’on retrouve en Europe et en Asie mineure (Caucase, Turquie) et est isolée par rapport aux autres espèces (les espèces d’hellébores les plus proches sont à plus de 5000 km à l’ouest ! ! !).

Son introduction en culture est assez récente (en 1991, de graines envoyées de Chine par le Professeur Kao Pao-chung de l’Institut de botanique de Chengdu et qui avaient été récoltées dans le Sichuan, près de Baoxing, sur la montagne Dengchigow à 2300m).

 

Cette plante est sans doute la plus délicate du genre avec ses fleurs allant de presque blanc à rose foncé veiné de rose sombre et avec des sépales de texture très fine par rapport aux autres espèces. 

 

Helleborus thibetanus a été décrite par Franchet en 1885 à partir de spécimens collectés en 1869 par Armand David dans le Sichuan à Baoxing (anciennement Moupin). Dans la même année, Beresowski collecta des spécimens dans la province du Gansu qui furent décrit par Maximowicz en 1890 sous le nom de H.chinensis, nom maintenant mis en synonymie de H.thibetanus.

 

Cette espèce est endémique du sud-ouest de la Chine (Sichuan, Gansu, Shaanxi), dans les forêts ombragées, à 1100/3700 m.

C’est une espèce rare qu’il est difficile de trouver dans son habitat. Nous avons eu la grande chance d’en observer une population dans une forêt sauvage et reculée du Sichuan durant une expédition en juin 2007. A cette saison, les plants ne portaient plus de fleurs et des fruits encore immatures. Mais ce fût pour nous très intéressant de pouvoir la voir dans son milieu naturel.

note : L’espèce a été baptisée thibetica car, à l’époque et dans les régions où elle a été découverte, la plante se trouvait encore en territoire tibétain.

 

Culture :

Cette espèce est rustique et préfèrera une situation mi-ombragée (sous-bois) en sol humifère. Elle a une période de repos assez grande, et le sol ne doit pas être trop sec durant cette période.

La multiplication peut se faire de semis. La germination peut être longue. Par exemple, les graines reçues à Kew de Chine en 1991 : après le semis en juin, une partie des graines a germé au printemps suivant (mars 1992) mais certaines graines ont germées seulement en 1998 ! ! !

Il est préférable de semer les graines quand elles sont fraîches.

 

Helleborus-thibetanus-1.jpg

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16 décembre 2011 5 16 /12 /décembre /2011 20:28

Le genre Akebia fait partie de la famille des Lardizabalacées et se compose de plantes ligneuses grimpantes principalement. Les Lardizabalacées sont une petite famille répartie de l'Himalaya jusqu'au Japon – avec un représentant en Amérique du sud - dédiée au naturaliste espagnol Lardizabal.

Le genre Akebia est confiné dans l'est de l'Asie (Japon, Corée, Chine, Taiwan). Akebia vient du japonais « akebi » qui est le nom populaire de la plante au Japon : Akebi = Ake (ouvert) et bi (fruit ou graines) car les graines noires sont visibles sur les fruits mûrs.

L’espèce la plus connue est Akebia quinata que l’on peut trouver maintenant facilement dans le commerce. Il existe même depuis quelques temps des variétés à fleurs blanches ou bicolores. La plante est facilement identifiable par ses feuilles composées et ses fleurs sombres.

Les Akebia sont des plantes très vigoureuses à croissance rapide. Elles sont théoriquement persistantes mais les feuilles peuvent tomber lors des hivers rigoureux. Leur floraison est assez inhabituelle et les fleurs étranges.

Dans la nature, ces plantes poussent dans les lieux boisés et grimpent sur les arbres à mi-ombre. Il faudra donc veillez à prévoir un grand support car les tiges peuvent aller très haut ou les planter au pied de grands arbres. Supportant très bien la taille, on pourra également les laisser grimper sur un grillage. La situation devra être ombragée à ensoleillée mais non brulante et protégée des vents du nord surtout en hiver. Le terre doit être assez riche et ne desséchant pas trop en été. Une fois installées, les tiges peuvent prendre plusieurs mètres chaque année.

La fructification est assez spectaculaire. En effet, les graines se trouvent dans des fruits en forme de grosses saucisses roses. Chaque fruit produit une grande quantité de grosses graines noir brillant qui germent très bien. La pulpe qui les entoure est comestible. Les Akebia sont des plantes monoïques.

Il est nécessaire d’avoir d’autres variétés à proximité pour obtenir la fructification.

Différents textes trouvés dans la littérature notent en effet qu’il faut plusieurs taxons pour qu’il y ai production de fruits. Plusieurs écrits citent également que la production de fruits semblent également lié à la longueur et chaleur du printemps et de l’été (été chaud et long = fruits).

Quoi qu’il en soit, il semble qu’une fois la première fructification faite, elle a lieu les années suivantes et je peux vous garantir qu’elle éveille la curiosité des voisins ou des passants !

En plus du semis, on peut également multiplier les Akebia par boutures de tiges ou de racines.

 

Akebia quinata a d’abord été décrite par Thunberg dans le genre Rajania (famille des Dioscoreacées) mais Decaisne n’étant pas d’accord crée le genre Akebia en 1837. Cette plante est cultivée dans les jardins au Japon sous le nom de Fagi-kadsura-akebi et Mr.Fortune envoya à la Société d’horticulture de Londres des plants récoltés à Chusan (île au large des côtes Est de la Chine, face à la province du Zhejiang). A cette époque, une deuxième espèce est déjà connue sous le nom de Akebia lobata (aujourd’hui Akebia trifoliata, appelée Akebi mitsaba au Japon). En 1853, Decaisne note : « Les Akebia doivent se cultiver en orangerie ; leur végétation hivernale s’oppose à ce que nous puissions les faire entrer avec avantage dans l’ornement de nos jardins, pour couvrir les tonnelles, sous le climat de Paris ».

Mais l’hiver suivant, 1853-54, a démontré que l’Akebia est bien plus rustique que le pensait Decaisne. Dans la revue horticole de 1854, Mr.Carrière note que les deux pieds (de à peine 2 mètres) plantés au Museum, l’un contre un mur, et l’autre en plein air, n’ont pas soufferts dans leurs parties herbacées. L’illustration est tirée de « l’histoire des plantes » parue en 1872.

 

Akebia-dessin.jpg

 

Akebia quinata est originaire de Chine, Corée et Japon dans les fourrés sur les collines et les montagnes.

Ses tiges utilisées en médecine chinoise comme diurétique et antiphlogistique.

 

La couleur des fleurs est très variable allant du pourpre très foncé au rose en passant par le blanc. On trouve dans le commerce ‘Cream form’, une plante à fleurs blanc-crème avec les étamines pourpres. Elles sont plus parfumées que le type à fleurs pourpres. En 2008, nous avons trouvé une forme très proche dans les montagnes du Japon dans la région de Kobe. Au moins deux formes ont été décrites :

Akebia quinata  f. diplochlamys  qui pousse au Japon sur les îles de Honshu, Shikoku et  Kyushu) mais notée également en Corée et en Chine (Jiangsu, Zhejiang, Jiangxi, Hubei, Shaanxi, Gansu, Sichuan). Cette forme, décrite en 1931, n'apparaît ni dans la flore du Japon, ni dans la flore de Chine, que ce soit en nom valide, ou dans les synonymies.

 

Akebia quinata  f. viridiflora est une forme à fleurs à tépales verts décrite au Japon. Cependant, cette forme, décrite en 1902, n'apparaît pas dans la flore du Japon, ni en nom valide, ni dans les synonymies.

 

Nous avons pu observer cette plante à plusieurs reprises lors de nos voyages, principalement au Japon et en Corée. Il semble que les plants poussant en Corée sont majoritairement à fleurs roses.

 

Akebia-quinata.jpg

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5 décembre 2011 1 05 /12 /décembre /2011 19:28

De la famille des arums de nos sous-bois, les Aracées, le genre Arisaema est moins connu et semble ne pas encore trouver sa place hors des jardins des collectionneurs. C’est une belle injustice car sous leurs airs de plantes délicates, on peut facilement cultiver une grosse dizaine d’espèces dans nos jardins où elles ressortiront et fleuriront chaque année sans problème.

Le genre Arisaema compte tout de même environ 180 espèces réparties principalement en Asie mais également en Amérique du nord, sur la péninsule arabique et dans le nord-est de l’Afrique. Certaines espèces poussent en milieux tropicaux mais on en trouve une grande majorité dans les montagnes tempérées de Chine, du Japon et de l’Himalaya.

Les arisaemas sont des plantes faciles à voir dans ces régions de l’Asie. Elles y sont communes et on peut en observer plusieurs espèces sur une même journée. Si certaines espèces ont des inflorescences vertes, d’autres, au contraire, ont des couleurs très vives avec des formes remarquables.

C’est le cas de Arisaema costatum, une espèce himalayenne. Lors d’un voyage au Népal en juin 2000, nous avons eu l’occasion d’en observer à plusieurs reprises. C’est dans la région des Annapurna que nous avons vu les plus beaux sujets. Après avoir longé le Mustang et rejoint la bourgade de Jomson à 2713 m d’altitude, nous avons descendu le sentier qui rejoint la ville de Pokhara au bord d’un grand lac à 915 m d’altitude. Pour ce faire, nous avons traversé plusieurs villages comme Tukuche, Kalopani, Ghasa, Tatopani, Ghorapani...

Si la région de Jomson est sèche et la végétation très rase, on passe rapidement dans des forêts épaisses et humides. C’est lors d’une halte pour la nuit à Kalopani dans un grand hôtel désert, dans une brume épaisse que nous avons pu observer plusieurs plantes intéressantes en fleurs comme le lys du Népal (nous en reparlerons) et ce fameux Arisaema. Outre le fait que ses inflorescences étaient magnifiques, nous avons été impressionnés par la taille de ses feuilles trifoliées. Dans nos jardins, celles-ci restent de taille plus modeste.

 

Arisaema costatum est connu depuis longtemps puisqu’il a été décrit en 1824 mais il est resté très longtemps très peu répandu en culture. Il a fallu attendre des introductions assez récentes (dans les années 1980) du Népal en Angleterre pour qu’il commence à être diffusé.

Son inflorescence est composée d’une spathe pourpre foncé striée de blanc tout à fait remarquable. Le tubercule produit chaque année une grande feuille composée de 3 folioles vert brillant. Il pousse dans le centre et l’Est du Népal ainsi que dans le sud du Tibet, dans les forêts, entre 1900 et 2800 m d’altitude.

 

Dans le jardin, il demandera un sol humifère, fertile et bien drainant. On le plantera en situation ombragée, en plaçant le tubercule à environ 20 cm de profondeur afin de bien passer les hivers rigoureux. Il s’associera bien avec des Epimedium, Deinanthe, fougères, sceaux de Salomon, Asarum...

Il fleurit au printemps, au mois de mai-juin. Nous aurons l’occasion de voir d’autres espèces un peu plus loin dans cette série.

 

Arisaema_costatum.jpg

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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 18:32

S’il fallait en choisir un, ce serait celui-là. Parmi les 30 à 40 espèces connues de tilleuls, Tilia henryana, le tilleul de Henry, est mon grand coup de cœur. Plusieurs raisons à cela : son magnifique feuillage composé de grandes feuilles avec grosses dents qui ne peut être confondu avec aucune autre espèce du genre ; la couleur rose de ses jeunes feuilles au débourrement ; les belles couleurs d’automne ; son faible développement qui permet de le placer même dans des petits jardins ; et ses grandes fleurs très agréablement parfumées qui font le bonheur des abeilles en été.

 

Cette espèce est dédiée au docteur Augustine Henry (1857-1930) qui a beaucoup exploré la Chine et étudié sa flore et dont de nombreuses plantes portent son nom. Le botaniste polonais Ignaz von Szyszylowicz étudia les spécimens de tilleul collectés par Henry et décrivit 3 nouvelles espèces en 1890 dont le Tilia henryana (ainsi que Tilia tuan et T.oliveri). D’après Wilson, Tilia henryana est plus grand que les autres espèces du centre de la Chine où il peut atteindre 24 m. Dans nos jardins, il reste longtemps à l’état de petit arbre de moins de 8 m de haut. Seuls les très vieux sujets peuvent dépasser les 10 m. Il n’est pas courant dans son milieu naturel. D’près Bean (1980) il aurait été introduit par Wilson pour les pépinières Veitch en 1901 mais il n’y a pas de plants connus de cette source en culture. Il a été (ré)introduit en 1934 à Kew Gardens à partir de graines envoyées par le jardin botanique de Nanjing dans la province du Jiangsu. En 1980, les arbres issus n’atteignaient que 5.1 m de haut. Normalement, les feuilles portent des touffes de poils en-dessous et les spécimens à feuilles glabres ont été nommés var.subglabra (en 1909) ou var.carlesii. J’ai pu récemment en voir un beau spécimen à l’Arboretum de Wespelaar en Belgique. L’espèce type pousse dans les provinces chinoises de Anhui, Henan, Hubei, Hunan, Jiangsu, Jiangxi, Shaanxi et Zhejiang. La variété subglabra dans les provinces de Anhui, Jiangsu, Jiangxi et  Zhejiang.

 

En culture, il se plaira en situation ensoleillée ou mi-ombragée, dans un sol pas trop sec ni trop humide. Il ne craint pas les sols argileux. On trouve surtout des plants greffés dans le commerce car les graines produites par l’arbre sont généralement stériles. Ses fleurs peuvent être séchées et utilisées en infusion.

Il est de culture facile et ne craint pas les maladies. Assurément, un arbre pour tous les jardins.

 

Tilia-henryana-2.jpg

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